Le naturalisme
Edmond (1822-1896) et Jules (1830-1870) de Goncourt
Emile Zola (1840-1902)
Le cycle des Rougon-Macquart
L’Assommoir, 1877
 Germinal, 1885
La définition du naturalisme
Guy de Maupassant (1850-1893)
Guy de Maupassant “Bel-Ami”, source du roman
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Le naturalisme

1. Le naturalisme

Les frères Edmond et Jules de
Goncourt
Emile Zola
Guy de Maupassant

2.

• Vers la fin du XIXe s. Les oeuvres
réalistes provoquent de plus en plus de
scandales. «Madame Bovary» est condamné par un tribunal à cause de son
« réalisme grossier et offensant la
pudeur ».
• La cause: les écrivains et les peintres
se veulent objectifs en présentant une
réalité violente et se documentent
rigoureusement.

3. Edmond (1822-1896) et Jules (1830-1870) de Goncourt

• les deux frères, proches sentimentalement et intellectuellement, travaillent en collaboration.
• Ils commencent par composer des monographies sur l’art, la
société et les moeurs du 18e s. Leur travail historique est très
documentaire.
• Puis ils s’efforcent d’appliquer leur méthode au roman. Ils
décrivent d’abord les moeurs des gens de lettres («Charles
Demailly», 1860), des peintres (« Manette Salomon », 1867) qui
sont des « romans de l’élégance » et gardent une écriture
maniérée, «artiste».
• Pour écrire les oeuvres ils prennent sans fin des notes et
relatent les histoires dont ils ont été les témoins . Ils
reconstituent avec précision certains milieux.
• Adhérés à l’esthétique réaliste, ils décident de peindre « la vie
vraie » et raconter le présent comme les historiens racontent le
passé. Ils créent la théorie du document en littérature.

4.


La théorie du document des Goncourt:
- le roman n’est pas une interprétation de la réalité (c‘est-à-dire, un art)
- c’est une description méticuleuse (кропотливый, педантичный) de
cette réalité par une enquête scientifique et par l’observation
Dans la préface du roman « Germinie Lacerteux » (1865) ils définissent
les principes et l'éthique du naturalisme:
« Le public aime les romans faux : ce roman est un roman vrai…: ce
livre vient de la rue ».
Vivant au dix-neuvième siècle, dans un temps de suffrage universel, de
démocratie, de libéralisme, nous nous sommes demandé si ce qu'on
appelle «les basses classes» n'avait pas droit au Roman; si ce monde
sous un monde, le peuple, devait rester sous le coup de l'interdit
littéraire et des dédains (пренебреже-ние) d'auteurs [...] Nous nous
sommes demandé s'il y avait encore, pour l'écrivain et pour le lecteur,
en ces années d'égalité où nous sommes, des classes indignes
(недостойные), des malheurs trop bas […] . Il nous est venu la
curiosité de savoir si …, la Tragédie, était définitivement morte; si les
larmes qu'on pleure en bas pourraient faire pleurer comme celles qu'on
pleure en haut ».
Ils se détournent des milieux artistes et font dans « Germinie Lacerteux » le
portrait d’une femme du peuple.

5.

• Ils ont peint non pas des caractères généraux,
des vices ou sottises éternels, mais des êtres
– troublés, hallucinés, singuliers, mystiques,
hystériques, etc.
• Ils ont cherché pour décrire des caractères
morbides (патологический, нездоровый) et ont
introduit l’étude des «cas cliniques », les
raffinements et les perversions: « Toute notre
oeuvre repose sur une maladie nerveuse ».
• Ainsi, les frères Goncourt font-ils le lien entre les
réalistes et les naturalistes. Surtout Edmond de
Goncourt qui a survécu à son frère s’est tourné
plus vers le naturalisme dont les auteurs les
plus connus sont Emile Zola, Guy de Maupassant, Octave Mirbeau, Alphonse Daudet.

6. Emile Zola (1840-1902)

• emploie la première fois le terme « écrivains naturalistes ».
• Vie et œuvre.
Orphelin de père à 7 ans, Zola doit abandonner ses études et
pratiquer divers petits métiers;
• en 1862, il entre à la librairie Hachette comme employé,
• devient vite chef de la publicité,
• commence à écrire des contes, dont un volume paraît en 1864.
• Par son ami du collège Bourbon d’Aix-en-Provence Paul Cézanne, il
connait des peintres tels que Monet, Renoir, Sisley, Pissarro et
Manet.
• Décidé à vivre de sa plume, il démissionne de la librairie Hachette le
31 janvier 1866.
• Sa première réussite est un roman «Thérèse Raquin », 1867, une
« grande étude psychologique et physiologique », une sombre
histoire d’adultère, de délit (правонарушение) et de remords
(сожаление).

7.

• Ses efforts s’orientent vers une connaissance toujours plus profonde
des matières scientifiques (la médecine expérimentale de Claude
Bernard et les recherches sur l’hérédité (наследственность) de
P.Lucas).
• En 1869, il crée un cercle d’amis - Paul Alexis, Léon Hennique,
Gustave Flaubert, Guy de Maupassant, Henri Céard, Karl-Joris
Huysmans qu’il reçoit le jeudi à Médan où il achète une maison.
• Ils font paraître un recueil « Soirées de Médan » qui comporte une
nouvelle de chacun: «Après la bataille» (Alexis), «L’Affaire du grand
sept» (Hennique), «Boule-de-Suif» (Maupassant), «La Saignée»
(Céard), «Sac-au-dos» (Huysmans), «L’Attaque du moulin» (Zola).
• Le thème général – la guerre de 1870 : scènes de violences,
peinture satirique et cruelle des moeurs bourgeoises et militaires.
• Ce recueil a la portée (значимость) d’un manifeste naturaliste.
• Après la guerre de 1870, à laquelle il ne participe pas parce qu’il
n’est pas mobilisable, il devient journaliste parlementaire.

8.

• C’est le 22 juillet 1872 qu’il signe le contrat avec l’éditeur Georges
Charpentier. Sa carrière littéraire commence véritablement mais
il ne renonce pas au journalisme. Le contrat lui assure 500 francs
par mois.
• Peu à peu ses romans lui valent l’amitié des grands écrivains. Le
succès de L’Assommoir (Западня, 1877), septième volume des
Rougon-Macquart, lui confère à la fois la notoriété et l’aisance. Sa
maison de Médan devient, le jeudi, le lieu de rendez-vous de jeunes
écrivains tels que Huysmans ou Maupassant.
• L’école naturaliste se constitue après la publication par Zola de
son essai «Le Roman expérimental» (1879) et son étude «Les
Romanciers naturalistes» (1881).
• Selon lui le roman expérimental c’est « une formule de la
science moderne appliquée à la littérature. Le romancier c’est un
observateur et un expérimentateur. Il doit observer avec la
rigueur (строго) et l’objeсtivité d’un savant ».

9.

• Suivant la loi des trois états d’HyppoliteTaine – race, milieu,
moment – les naturalistes affirment que tout, dans la vie d’un
homme naturel
1) est déterminé par sa constitution physique
2) il est soumis aux lois physico-chimiques, c’est-à-dire qu’il
reçoit de ses parents sa constitution selon les lois de l’hérédité
3) il éprouve les influences du milieu et du moment.
• Qu’un ancêtre ait souffert d’une première tare (порок) physique,
cette tare passe de génération en génération en s’aggravant.
• Ici, on observe l’influence du physiologiste et professeur de
médecine Claude Bernard («Introduction à la médecine
expérimentale») duquel Zola s’est déclaré disciple .
• Autrement dit, si l’écrivain procède comme un savant et
expérimentateur, il pourra découvrir les lois du destin. Ses lois
sont inscrites non dans la volonté des dieux (comme dans une
tragédie antique), ni dans la liberté (comme le veut la psychologie traditionnelle), mais dans leur chair et leur sang.

10.

• Selon Zola « La science entre dans le domaine des romanciers
qui deviennent des analystes de l’homme, dans son action
individuelle et sociale».
• Les romans d’observation et d’expérimentation doivent
remplacer les romans d’imagination.
Donc, le naturalisme c’est une forme extrême du réalisme.
Les réalistes observent la nature, les naturalistes l’expérimentent:
• ils utilisent l’observation pour vérifier comment tout, dans l’homme,
est déterminé par des instincts, les forces analogues à celles de la
nature, comment agissent les personnages placés dans une histoire
particulière.
• En vérité les naturalistes tentent de ne pas laisser la littérature à
l’écart de la vie de leur temps, de ses tendances intellectuelles.
• Entre 1871-1893 il publie un cycle de 20 volumes «Les RougonMacquart» qu’il a groupés sous le titre « Histoire naturelle et
sociale d’une famille sous le second Empire». Ainsi, il reprend le
projet de Balzac pour brosser la physiologie de la vie sociale sous le
Second Empire( les années 1852-1870).

11.

• Les meilleurs des romans sont « Le ventre de Paris » (1873, où il
décrit le peuple de Paris), «L’Assomoir» (« Западня», 1877,
histoire d’un ménage d’ouvriers ruinés par l’alcoolisme), «Nana»
(1880 décrit «la bonne société» de la bourgeoisie parisienne),
«Germinal» (1885, la vie des mineurs), «L’oeuvre» (1886, le milieu
des peintres), «La terre» (1887, le monde des paysans), «La
débâcle» («Разгром») (1892, une réalité dramatique de la guerre) .
• Les grands romans Nana, Germinal , L’Œuvre , Au Bonheur des
dames (1883) permettent au naturalisme de triompher dans toute
l’Europe .
• Zola est traduit et gagne 80 000 ou 100 000 francs par an.
• Ainsi, d’abord un employé pauvre, il finit par connaître un grand
succès et devient un chef d’école naturaliste.
• Il prend une part active dans la vie politique du pays, il dénonce la
misère extrême du prolétariat et le gaspillage absurde des classes
riches.
• Ses romans le brouillent tantôt avec les socialistes tantôt avec les
réactionnaires et il se brouille avec son ami Cézanne.

12.

• Il s’implique à « l’affaire Dreyfus » - un capitaine (juif) qui était
accusé à tort d’espionnage et de trahison. Zola se range aux côtés
de Dreyfus parce qu’il est indigné par l’accusation. Il est convaincu
que le véritable coupable est le commandant Esterhazy, qui est
acquitté à l’unanimité (единогласно).
• En publiant une « Lettre pour la jeunesse » et le célèbre pamphlet
« J’accuse » Zola dénonce la campagne de presse contre la
République et les Juifs.
• Condamné à un an d’emprisonnement et à 3 000 francs d’amende,
il doit quitter la France.
• A son retour, en 1899, il est radié (исключен) de l’ordre de la Légion
d’honneur, abandonné par une grande partie de ses lecteurs, injurié,
il meurt asphyxié par le poêle de son bureau.
• Pendant ses obsèques toute une foule lui rend hommage d’avoir
osé mettre en jeu (поставить на карту) sa notoriété (известность)
au nom de (во имя) la morale.

13. Le cycle des Rougon-Macquart

• montre comment un petit groupe d’êtres, une famille, «se comporte
et donne naissance à plusieurs individus, qui paraissent dissemblables (непохожий), mais que l’analyse montre intimement liés les
uns aux autres».
• La famille est issue d’une tantе névrosée (невротик), Adélaïde
Fouquet (Dide) dont le père est mort fou. Elle épouse son domestique, le paysan Rougon, jardinier, puis devient amante de l’ivrogne
(пьяница) Macquart, contrebandier abruti (впавший в животное
состояние).
• Toute la dynastie souffre de cette pathologie initiale qui est la
conséquence de l’hérédité (наследственность) de la tante Dide.
Elle se transmet de génération en génération selon les lois de
l’hérédité et tous les descendants sont contaminés (заражены) par
les maladies et les vices (порок) hérités.
• Le personnage n’est plus un modèle héroïque mais une
créature soumise aux lois de la nature. Zola illustre comment
le fonctionnement des systèmes biologiques et philosophiques
se découvre dans l’existence.

14. L’Assommoir, 1877

• L’ «Assommoir » est un bistrot où les personnages viennent
noyer (утопить) dans l’alcool leur désespoir (отчаяние).
• La trame: Gervaise, la maîtresse de Lantier, dont elle a deux
enfants, vient s’établir à Paris, travaille comme blanchisseuse
(прачка), se fait une petite économie mais Lantier est fainéant
(лентяй) et coureur de jupons. Il l’abandonne.
• Gervaise rencontre alors Coupeau, ouvrier zingueur
(оцинковщик). Ce dernier devient victime d’un accident de
travail et les épargnes de Gervaise s’en vont à le soigner.
Coupeau s’avilit (опускается) pas sa longue maladie, sombre
(погружается) aussi dans l’alcoolisme et devient brutal.
• Gervaise, exténuée et découragée, commence à boire, et de
pire en pire elle se laisse aller jusqu’à la prostitution.
• Elle finira par vivre dans un trou sous l’escalier. Après la mort
de Coupeau dans un hospice on la trouvera morte de faim et de
privations.

15.

• Dans la préface du roman Zola écrit en 1877 : « J’ai
voulu peindre la déchéance (вырождение) fatale
d’une famille ouvrière, dans le milieu empesté
(отравленное зловонием) de nos faubourgs. Au bout
de l’ivrognerie et de la fainéantise (лень), il y a le
relâchement (ослабление) des liens de la famille, les
ordures (отбросы) de la promiscuité (кровосмешение), l’oubli progressif des sentiments honnêtes,
puis, comme dénouement, la honte et la mort. … On
s’est fâché contre les mots. Mon crime est d’avoir eu la
curiosité littéraire de ramasser et de couler dans un
moule (емкость) très travaillé la langue du peuple...
C’est une oeuvre de vérité, le premier roman sur le
peuple qui ne mente pas, et qui ait l’odeur du peuple. »

16.  Germinal, 1885

Germinal, 1885
• décrit le monde des mineurs de Voeux, une région charbonnière du Nord de la France. C’est l’histoire d’une grève, « la
lutte du capital et du travail »:
• le fils de Gervaise Macquart, Etienne Lantier, trouve du travail
dans les mines de Montsou. Les conditions de vie sont
pénibles, la Compagnie exploite les mineurs impitoyablement.
Le décor est inhumain et monstrueux.
• Etienne s’éprend de Catherine, ouvrière dans la mine. Сelle-ci,
malgré les sentiments pour Etienne, continue de fréquenter
Chaval, un compagnon de travail qui la maltraite.
• Etienne organise la révolte contre les conditions de travail qui
s’empirent. Durant plus de deux mois de la grève, Catherine est
aux côtés d’Etienne. Elle a quitté pour lui son amant.
Cependant la grève ne réussit pas, les mineurs sont affamés et
obligés d’interrompre leur lutte.

17.

• Parmi les mineurs il y a un nihiliste russe, Souvarine (disciple des
théories qui exigent une destruction totale de la société et la
reconstruction d’une nouvelle humanité). Celui-ci, descend une nuit
dans la mine et abîme (портит) les installations. Le matin, quand
les ouvriers y descendent, les parois (перегородки) cèdent et l’eau
envahit les galeries. Tous les mineurs sont morts, à l’exception de
Lantier.
• Rétabli il retourne à Paris pour se consacrer à l’émancipation
socialiste du prolétariat.
• La mine devient le lieu réaliste et le symbole de la lutte des classes
en France. Le titre même - Germinal – est symbolique, c’est le nom
du septième mois du calendrier républicain.
• Par ce roman social, Zola montre la nouvelle force qui parviendra à libérer la société de l’injustice et de l’hégémonie de la
bourgeoisie – le prolétariat.

18. La définition du naturalisme

• C’est un système de pensée qui veut expliquer les
phénomènes sociaux par des méthodes scientifiques se
basant sur le positivisme d’Auguste Comte. Celui-ci,
créateur d’une nouvelle science, la sociologie, a imposé
un nouveau sujet d’étude : les sociétés humaines. A
l’aide de la théorie de l’évolution de Darwin on s’attaque
à l’étude des mécanismes sociaux.
• La doctrine naturaliste
Le principe de la sélection naturelle : les plus forts
et les mieux adaptés êtres vivants se reproduisent,
éliminant les plus faibles. Ainsi procède l’évolution des
sociétés.
La théorie de l’hérédité explique le principe de la
transmission des caractères chez les êtres vivants.
Chaque personnage possède une histoire déterminée
par son hérédité: il n’est pas maître de son destin
puisque son caractère est partiellement influencé par
ses origines.

19.

• Le paradoxe du naturalisme: alors que la science
semble triompher, c’est un certain pessimisme qui
s’installe finalement, on montre que l’homme est dominé
par des forces obscures de la nature.
• Points faibles: Cette doctrine littéraire appuyée sur des
systèmes scientifiques incertains ou puérils exige que
l’expérience confirme l’hypothèse.
• Zola répond à «comment? » mais laisse la réponse à
«pourquoi?»
• La réalité, chez les naturalistes a pris une forme
grossière et triste des moeurs humaines, des foules
et de la misère.
• Le naturalisme n’est que la transposition de la doctrine
réaliste sous une forme naïve.

20.

• 1. Le refus de la psychologie
• «Dans Thérèse Raquin, j'ai voulu étudier des
tempéraments et non des caractères. J'ai
choisi des personnages dominés par leurs nerfs
et leur sang, dépourvus de libre arbitre, entraînés à chaque acte de leur vie par les fatalités de
leur chair. Thérèse et Laurent sont des brutes
humaines, rien de plus. J'ai cherché à suivre pas
à pas dans ces brutes le travail sourd des passions, les poussées (напор) de l'instinct, les
détraquements (расстройство) cérébraux
survenus à la suite d'une crise nerveuse».

21.

• 2. L'hérédité est la pierre angulaire des RougonMacquart. Passionné par le Traité philosophique et
physiologique de l'hérédité naturelle du Dr Prosper
Lucas (1850), Zola y voit une confirmation de ses
conceptions déterministes et l'occasion de composer
une Comédie humaine inédite.
« Les Rougon-Macquart, la famille que je me propose
d'étudier, a pour caractéristique le débordement des
appétits, le large soulèvement de notre âge, qui se rue
aux jouissances. Physiologiquement, ils sont la lente
succession des accidents nerveux et sanguins qui se
déclarent dans une race, à la suite d'une première lésion
(повреждение) organique, et qui déterminent, selon les
milieux, chez chacun des individus de cette race, les
sentiments, les désirs, les passions, toutes les
manifestations humaines, naturelles et instinctives ».

22.

• 3. L’influence du milieu. Par l’importance accordée au
milieu, Zola rejoint le réalisme de Balzac ou de Flaubert:
il traverse tous les milieux de la société du Second Empire, et, pour chacun d'eux, amasse une documentation
colossale.
• La portée du naturalisme:
• Par sa description objective de la réalité sociale, le
naturalisme a contribué à la prise de conscience des
inégalités sociales, à la naissance des droits de
l’homme, à l’émergence du droit d’expression.
Une esthétique nouvelle a été créée: la littérature
traite de sujets quotidiens et bas. L’art est devenu
accessible à tous.
Le génie poétique et une imagination puissante de
Zola l’ont élevé au-dessus des sottises de sa
doctrine.

23. Guy de Maupassant (1850-1893)

24.

• G de Maupassant (1850-1893) naît dans une famille de la HauteNormandie. Le père est un représentant typique de la petite
noblesse de province, sa mère est une femme très cultivée et
sensible. Elle est l’amie de Flaubert.
• En 1869, il s’établit à Paris et s’engage comme garde mobile dans
la guerre franco-prussienne. En 1871, après la débâcle (разгром),
son père lui procure un emploi au Ministère de la Marine.
• Flaubert lui donne des leçons. Par lui Maupassant connaît les plus
grands écrivains de son époque comme Emile Zola, Alphonse
Daudet, Joris-Karl Huysmans, José-Maria de Hérédia, les frères
Goncourt.
• Stimulé par ce climat intellectuel, il commence par rédiger des
articles de critique littéraire.
• Devient célèbre après la publication du récit « Boule de suif » dans
le volume des « Soirées de Médan ». Ce succès le détermine à se
consacrer au métier d’écrivain.

25.

• Au cours des dix années suivantes, il rédige trois cents récits et
six romans dont les plus connus sont le recueil « La maison
Tellier », 1881; romans « Une vie », 1883; « Bel-Ami », 1885;
« Mont-Oriol », 1887; « Pierre et Jean », 1888 et « Fort comme la
mort », 1889.
• Après la nouvelle “Boule-de-Suif” et le roman “Une vie” Maupassant
prend ses distances par rapport au groupe de Médan et critique le
naturalisme. Il est contre cette relation immédiate entre la prose et
la réalité contemporaine propre aux naturalistes.
• Dans son « Étude sur le roman » (1887) et dans la préface du
roman «Pierre et Jean» (1888) il se déclare pour un réalisme
modéré et tolérant au roman «traditionnel».
• Maupassant dit que les réalistes, qui évitent l’exceptionnel,
forcent le lecteur à penser pour comprendre. En montrant les
luttes de passions et d’intérêts et en même temps l’évolution des
êtres le roman réaliste provoque une réflexion profonde sur la
société. Ses romans et nouvelles visent (нацелены) à charmer, à
émouvoir.

26.

• Son maître et modèle pour la composition du texte et le travail de
styliste est Flaubert. Selon lui, le roman est libre, seule compte la
beauté qui doit se retrouver dans la simplicité.
• Il travaille avec acharnement. Mais vers 1879 il commence à
éprouver les premiers symptômes de la maladie héritée de son père
et dont a déjà souffert son frère. Il souffre de terribles migraines et
devient incapable d’écrire. Il manque un suicide après quoi il est
interné dans une maison de santé où il meurt l’année suivante.
• Les thèmes qu’il développe sont : la Normandie, les enfants
abandonnés, des amours malheureuses, la cruauté de la guerre,
l’indifférence des puissants, la médiocrité de la vie bourgeoise.
• Maupassant crée une série de tranches de vie en parlant de
l’impasse de la société française entre la guerre de 1879 et la
reprise économique de la fin du siècle.
• Personne avant Maupassant n’a jamais brossé un tableau aussi
impitoyable de la France à cette époque.

27.

• Il regarde la réalité d’un œil pessimiste, il la voit
banale et tragique, dans laquelle chacun est
condamné à l’impuissance. C’est une réalité
vide et plate : il ne reste qu’à survivre.
• Etant à la limite du naturalisme Maupassant
refuse l’analyse psychologique qui conduit à
la déception, car les « grands » ont déjà tout dit,
il n’y a rien de neuf.
• Il fait fixer la mobilité et l’aspect fugitif de
caractères et de choses ce qui le rapproche à
une manière de description impressionniste.

28. Guy de Maupassant “Bel-Ami”, source du roman


A la fin du XIXe s la troisième République française (1870-1940) se
lance sur la voie d’industrialisation capitaliste, c’est-à-dire, en recherche de
nouvelles sources de matières premières et de nouveaux clients. Elle
cherche les conquêtes colonialistes s’intéressant en particulier à
l’Indochine et à l’Afrique du Nord. La question de Maghreb (ensemble
des pays nord-ouest de l’Afrique Maroc, Algérie, Tunisie) se pose en
1881-1885.
3 ans avant la composition de «Bel -Ami» Maupassant a voyagé en Algérie
et a suivi de près l’affaire tunisienne. La «chronique» qu’il fait paraître
dans «Le Gaulois » (journal parisien) éclaire d’un jour très cru (резко) les
dessous (поднаготная) de cette aventure colonialiste.
La spéculation financière sur la Tunisie avait commencé sous le
Second Empire (1852-1870): Le bey avait emprunté à la Banque Erlanger
de grosses sommes à un taux d’intérêts si haut qu’il avait été écrasé sous
le poids de sa dette. La France avait alors imposé au bey une commission
(посреднические деньги). La commission n’arrangea pas les finances de
bey. La malheureuse Tunisie fut vite mise au pillage (разграбление): des
commerçants marseillais commencèrent à acheter des hectares par milliers
à des prix minimes; les Italiens et les Français se partagèrent les chemins
de fer et les ports.

29.

• La Tunisie ne sut jamais se délivrer de sa dette. Les actions
(акции) de l’emprunt lancé pour «éponger» (вобрать в себя) la
dette avaient perdu plus de 50% de leur valeur. C’est alors
qu’éclatèrent les conflits algéro-tunisiens, actes de violence,
sévices (насилие), pillage (грабеж) commis contre la
population.
• D’une façon habile la presse entretint dans l’opinion la terreur
du Kroumir et a insinué (внушать) l’idée de l’intervention
militaire. Ce que Maupassant appela «la balançoire guerrière»
(бряцание оружием). Le bey capitula. La France occupa le
pays. Elle garantit la dette tunisienne qui d’un coup fit un bond
(прыжок) spectaculaire en Bourse (биржа). Les obligations de
la dette avaient été rachetées à la baisse et en sousmain
(тайком) par politiciens, financiers, journalistes qui étaient
parfaitement au courant de l’opération.

30.

• C’est cette histoire-là que Maupassant raconte
dans «Bel-Ami» en la transposant au Maroc.
Pareille exactitude en ce qui concerne le Krach
de l’Union Générale (1882). En ce temps-là les
banques se faisaient la guerre pour la conquête
de la Républque. Face à la banque judéoprotestante et républicaine des Rothschild s’était
dressée la banque catholique et royaliste l’Union
Générale dirigée par le Vatican. Les Rothschild
avaient acheté des titres (ценные бумаги) de
l’Union, les avaient accumulés en secret et les
jetèrent d’un coup sur le marché.

31.

• Maupassant démontre que les pays de cette époque sont gouvernés par des lanceurs d’affaires, par le vertige de la spéculation: le
«enrichissez-vous» (mots de Quizot, homme politique, ministre des
Affaires étrangères de 1840 à 1848). Au vrai, il s’agit d’un trait
constant des régimes bourgeois.
«Bel-Ami» est un roman politique, une satire de la démocratie
capitaliste. Lorsque Maupassant dévoile les rapports entre le
quatrième pouvoir (la presse) et les autres, et avec le pouvoir de
l’argent, il reprend ce qui inquiétait Balzac : la presse «monstre
moderne» devient un état dans l’état parce qu’elle se dresse là où
se rencontrent politique, finance et opinion publique.
• La grande presse se trouve soumise à la politique qui à son tour est
au service des puissances d’argent. Faut-il accomoder des faits
pour une «campagne», faut-il abattre un politicien, faut-il faire agir
«les fonds secrets» contre l’opposition, la presse est là avec les
grivoiseries (непристойность) et les insultes, la campagne
électorale, etc.
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